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Nous avons encore besoin de : Marché de la chanson : |
BOBY LAPOINTE de Pézenas à Pézenas![]() La biographie rédigée en partie par Boby lui-même, témoigne du feu d'artifice de 50 ans d'une vie fulgurante : Le 16 avril 1922 à dix heures trente naissance à Pézenas, Hérault, de Lapointe Robert Jean-François, Joseph, Pascal dit : Boby. « Élevé par mes parents, études au collège. Fort en math . » Un de ses professeurs de collège a pour habitude de lire à haute voix à toute la classe les devoirs de français de Boby, lui dit : « Vous écrivez bien, quoique vos idées soient complètement loufoques. » Il commence à apprendre le solfège et prend des leçons de violon. "Le violon de deux choses l'une ou tu joues juste ou tu joues tzigane. Moi, je n'ai pas tellement le choix, je joue tzigane. Y'en a qui prétendent que le violon ne supporte pas la médiocrité ! c'est faux ! Le violon supporte la médiocrité, c'est ceux qui écoutent qui ne la supporte pas. " Les années 1935-1940 voient « l'Extension commerciale de la TSF et du Pick-Up, on entend à Pézenas les disques qui passent à la radio, brouillés à longueur du jour par le commerçant d'en face, je suis frappé par Mireille, Pils et Tabet, puis Trenet. » En 1940 à Montpellier, Boby prépare l'école Centrale et Sup-Aéro à Toulouse en 1941. 1942, il doit interrompre ses études pour cause de chantier de jeunesse, instauré par l'occupant allemand. Enrôlé de force, en 1943, au Service du Travail Obligatoire en Allemagne, il s'évade une première fois en novembre. Repris, il s'évade à nouveau sous le pseudonyme revanchard de Robert Foulcan. En mai 1944, recherché par les soldats allemands, il se planque comme scaphandrier dans le port de La Ciotat. Au mois d'août 1946, il rencontre Colette Maclaud. Ils se marient le 10 décembre, à Marseille, 2 enfants naîtront de cette union, Ticha en 1948, et Jacky en 1950. « J'aime les chansons de Félix Leclrec, des Frères Jacques, d'Henri Salvavdor et les textes de Mac Orlan, je lis Prévert, Queneau, je rencontre les Frères Jacques, je vais voir "Les exercices de style" à la Rose Rouge, j'ai écrit quelques chansons et poèmes . » 1946 –1950 Le couple s'installe à Pézenas avec Ticha et Jacky. Boby participe à l'entreprise familiale de commerce de produits agricoles avec François Ernest, son père. Il publie à compte d'auteur, en 1951, son premier ouvrage, "Les douze chants d'un imbécile heureux", 13 textes fondateurs de son œuvre dont quelques-uns deviendront des chansons : "Le poisson Fa, "Sentimental Bourreau", "Insomnie", ou encore "Revanche" et "Ta Katie t'a quitté". 1952, « Je m'installe à Paris, représentant, rédacteur publicitaire ». Avec Colette, ils prennent des cours de chant et de théâtre, et essaient les textes de Boby à Montmartre, lors de leurs premiers passages sur les scènes des cabarets. Ils tiennent un magasin de bonneterie en gérance, baptisé "Poil de Carotte" par Boby. Il écrit sa première et unique pièce de Théâtre, une comédie intitulée « Le Barbu du square » ou « 20 ans d'aléas » (Drame social en vingt scènes et trois époques) - Inédit. « J'ai écrit "Aragon et Castille". » Il démarche les interprètes et les éditeurs, son recueil sous le bras et rencontre Édith Piaf dans sa loge à L'ABC et lui demande des conseils sur ses textes. « Mes parents reprennent les enfants et je divorce. Je gagne très mal ma vie . » En 1953, il exerce divers métiers pour subsister, électricien, fort des halles, barman, vendeur de machines à écrire chez ROOY, électricien, livreur, figurant dans quelques films notamment "Une vie de garçon" et "Tourments". Sa fonction de représentant pour le café MEXICANA, lui inspira "Tchita la créole". Il rédige aussi des nouvelles humoristiques pour les journaux. En 1954, il passe sa vie sur les toits à installer des antennes de télévisions pour de nombreuses sociétés. « Je me débrouille tant bien que mal. » En 1955 c'est toujours la morne litanie des petits boulots. « Dans la vie, j'ai eu des haut et des bas, dans les hauts, j'installais des antennes et, dans les bas, j'étais scaphandrier. » Etienne Lorin, compositeur attitré des chansons de Bourvil, rencontre Boby en 1956. Il est séduit par "Aragon et Castille" que Bourvil interprétera, dans le film "Poisson d'avril", réalisé par Gilles Grangier. Hélas Le film est un échec, et la chanson de Boby sera très vite oubliée, mais il ne perd pas espoir. Le 28 avril 1956, Colette et Boby divorcent. 1958 : « J'essaie de caser mes chansons à une équipe de méridionaux qui ont monté (sic) "Le cheval d'or. » Pour réaliser ce projet, il enregistre sur son magnétophone à bande, en s'accompagnant d'une "guitare sommaire", huit titres, parmi lesquels, "Aragon et Castille", "Petit homme qui vit d'espoir", "Bobo Léon", "L'ange" et "Sentimental Bourreau" destinés à démarcher des interprètes, féminine de préférence. Pour subsister financièrement, il s'installe à son compte au 110, rue de la République à Saint Mandé : "Robert Lapointe antennes, Radio, Télévision F (sic) Modulation, toutes installations : collectivités, longue distance, etc." Quand on demande à Boby comment installer une antenne de télévision, il répond tout de go : " Sur le toit ! " « Je finis par me décider à chanter mes chansons moi-même. Fin 1959, j'ai un tour de quatre chansons dont "Aragon et Castille" et "Avanie et Framboise". », note-il, en décembre 1959. Ces deux chansons seront pendant toute sa carrière ses fétiches. Il effectue ainsi ses véritables débuts dans le métier au cabaret "Le cheval d'or". Il a 37 ans. Première rencontre déterminante pour le futur professionnel de Boby, Philippe Weil. Ex-décorateur, débauché par Canetti, il succède en 1959 à Boris Vian en assurant la direction artistique des disques Fontana. La rencontre se passe chez Philippe Weill : Boby Lapointe vient y installer une antenne de télévision. Ils sympathisent très vite, se sentent même en phase. Boby l'invite à venir le voir au "Cheval d'or". Philippe est très vite conquis par l'absolue incongruité des textes et par le personnage scénique de Boby tout en mouvements d'épaules et tressautements de hanches. « J'ai toujours eut une adoration dramatique pour le calembour, c'est un des faubourgs de l'humour. Avec Boby, nous avions la même façon de déconner. C'était fascinant. Il n'avait absolument rien à voir avec ce que faisaient les chanteurs de l'époque. » C'est décidé Philippe Weil sera son premier directeur artistique. « Je croyais en lui, donc je l'engageais. Chez Fontana, qui était un peu la danseuse de Philips, on pouvait se permettre de prendre des risques avec des artistes un peu plus hors normes ou hors mode, ce qui était le cas de Boby. » « J'ai demandé à Alain Goraguer, que j'ai connu avec Boris Vian d'assurer les arrangements. J'aimais beaucoup ce qu'il avait fait pour Serge Gainsbourg. J'ai donc organisé une rencontre entre Boby et Alain, en deux rendez-vous, ils avaient fait le tour de la chose. On enregistrait au studio DMS situé rue Saussier-Leroy, Paris 17 e , fief de Pierre-Arnaud de Chassipoulet, le fameux metteur en ondes des feuilletons radiophoniques de Pierre Dac, devenu depuis peu la propriété de Philips. C'était plus petit qu'au studio Blanqui, mais nous y avons travaillé très agréablement. » Le 16 mai 1960, à la première séance, l'équipe met cinq titres en boîte, "Aragon et Castille", "Framboise", "Marcelle", "Insomnie", et "Le poisson Fa". » « Boby arrivait avec une base rythmique et mélodique, et partant de là, Alain faisait les arrangements. Entre Boby, Alain et moi une belle connivence s'était installée. Du point de vu musical Boby se rendait compte que Goraguer et moi abordions ses chansons comme il le fallait. Notre manière de voir les choses semblait correspondre à ce qu'il avait en tête, il se sentait en confiance. Et surtout, nous étions trois calembouriens dans l'âme ! » Était-ce là l'inspiration du futur triumvirat de la chanson: "Moi, le philosophe et l'esthète" ? Aux "Trois Baudets", cabaret en vogue, dirigé par Jacques Canetti, Philippe Weil, "rode" Boby dans un programme à sa façon, "Qualitativement vôtre" du 5 février au 29 mars. La vedette est Renée Lebas. Le spectacle est un succès. Un journaliste croit déceler en Boby un nouveau fou chantant. Le premier enregistrement vinyle de Boby Lapointe, un microsillon 45 tour, de deux titres avec "Framboise" et "Aragon et Castille", est édité au mois de septembre de la même année ; suivit le 15 octobre 1960, d'un super 45 tours, cinq titres, avec "Marcelle", "Insomnie", et "Le poisson Fa" en plus, des deux autres titres du premier. Au verso de la pochette bleu outremer, sur laquelle trône un Boby hilare habillé en homme-grenouille, ce texte de Philippe Weil : « Surnommé le "Douanier Rousseau" de la chanson française, Boby Lapointe, sous des airs de M. Tout-le-monde, présente un personnage dont la cocasserie semble à la portée de tous. Il fait partie des rares privilégiés qui peuvent soumettre à la lecture, les textes de leurs chansons. Lors de son passage aux Trois Baudets nos confrères de la presse ont tous été d'accord pour reconnaître en lui un novateur qui se devait d'élargir son audience bien au-delà des cabarets d'initiés. C'est à cet effet que nous vous présentons son premier enregistrement où vous retrouverez deux chansons qu'il a interprétées en "chair et en os" dans le film "Tirez sur le pianiste". Écoutez Boby Lapointe et puis … Réécoutez le encore. C'est marrant… non ? » 1960 c'est l'année des premières fois pour Boby lapointe : « François Truffaut me contacte au "Cheval d'or". Je signe un contrat pour "Tirez sur le pianiste". » Le 27 janvier 1960 il signe son premier contrat avec les disques Fontana. Le 26 août, mariage à Saint Tropez avec Simone Triadou, dite Manouchka, auteur de chansons pour Juliette Gréco et Marcel Amont. Premiers passages à la télévision et premiers galas à Bruxelles. Le 25 novembre 1960, "Tirez sur le pianiste", premier petit rôle pour Boby et deuxième long-métrage de François Truffaut avec Charles Aznavour est sur les écrans. Dans le film Boby chante "Marcelle" et "Aragon et Castille" mais sous-titré, syllabe par syllabe ! Un karaoké avant l'heure. Le producteur du film, Pierre Braunberger, estime que Boby n'articule pas assez pour être compris du plus grand nombre. Et grâce à lui, Boby reste à ce jour le seul chanteur francophone sous-titré dans sa propre langue ! À la fin de l'année, Charles Aznavour l'engage en "vedette anglaise" de son tour de chant à l'Alhambra. Commence alors pour Boby le marathon des cabarets, parfois jusqu'à quatre par nuit. 1961 est une année faste pour Boby, le 15 mai, exploitant le succès du film de Truffaut, Fontana édite un EP cinq titres avec "Embrouille Minet", "Troubadour ou la crue du Tage", "Petit homme qui vit d'espoir", "La fleur bleue contondante", "Bobo Léon", tiré modestement à 1000 exemplaires : "Le chanteur sous-titré", la pochette porte la mention "les sous-titres sont à l'intérieur", un livret avant la lettre ! "Le chanteur sous-titré", devient le surnom attitré de Boby. «Et aussi chanteur radiopassif ! » ajoute de façon goguenarde Boby. Certaines de ses chansons étant contraintes à un passage plus que tardif sur la radio d'état. Du 20 septembre au 9 octobre 1961, premier Olympia pour Boby en vedette anglaise de Johnny Hallyday. Cabarets : Le port du salut, l'Échelle de Jacob et le Cheval d'or où Jean-Claude Vannier remplace de temps en temps le pianiste habituel de Boby. En octobre il tourne son premier et unique scopitone, "Aragon et Castille", au studio Éclair à Épinay. 1 er novembre, sortie de son seul 25 cm 33 tours "Sacré Boby Lapointe", six titres anciens et quatre nouvelles chansons, "Tchita", "L'ange", "La fille du pêcheur" et "Le beau voyage", toujours chez Fontana. Le 15 décembre 1962, commercialisation d'un 45 tour deux titres avec, "L'hélicon", "Eh! Toto". Boby et Manouchka divorcent le 20 juillet. Il ouvre de son propre cabaret, rue de la Huchette "le Cadran Bleu" et apparaît dans un spectacle à sa façon, "Show et froid de volaille". À l'entrée de ce cabaret temporaire, Boby installe une pointeuse. Sa devise : "Chez Lapointe, on s'pointe et on pointe ! ![]() Février 1963, sortie d'un EP 4 titres avec "L'hélicon", "Eh! Toto", "La peinture à l'huile", "Léna" chez Fontana. Il est programmé par Gilbert Sommier aux "Mardis de la Chanson", localisé au Théâtre des Capucines et produit par Gilbert Sommier. Boby part pour la première fois en tournée avec celui qui allait devenir son ami et lui sera d'une réelle fidélité et d'un grand soutien dans le métier : Georges Brassens. Une émission à laquelle participe Boby fait scandale, "Les raisins verts" de Jean-Christophe Averty. Toujours la course aux cabarets : La méthode, Le Port du salut entre autres. Avec l'été 1964, arrive le "Festival du Marais". Il peaufine un scénario musico-policier resté inédit, "Mais pourquoi tailler à tous bouts de champs à la Haie les roses". Il tombe fou amoureux de Bernadette Marques dite Bichon. Avec Marino, l'auteur de "La confiture", ils s'effeuillent dans un numéro hilarant, "les strip teaser croques morts", au "Crazy Horse". En décembre ils se produisent, pour le réveillon à la télé allemande, avec ce sketch. Jean-Christophe Averty l'engage dans à sa nouvelle émission de télé "Ni figue, ni raisin". Septembre, sortie pour les "juke-box" du fameux et très spécial EP Boby Lapointe/Jack Selaire. La face A, "T'as pas tout dit" passe à la vitesse d'un 45 tour et la face B, "Leçon de guitare sommaire" et "Le beau voyage" enregistré en 33 tours, passe en 45 tours. Octobre sortie du 2 ème EP Boby/Jack Selaire avec "J'ai fantaisie" en face A et "Marcelle" et "Troubadour", en face B, avec le même procédé. Encore un des nombreux gags de Boby qui commentait ainsi ses deux perles rares « Si je passe de 33 tour en 45 tour pas de doute j'accélère ! » Le même mois sortie commerciale d'un EP 4 titres chez Fontana, "J'ai fantaisie", "T'as pas, t'as pas tout dit", "Eh ! V'nez les potes" et "Ta Katie t'a quitté". Du 21 octobre au 10 janvier, il passe à Bobino avec Brassens et Barbara. Puis ils partent en tournée avec le "Festival du disque" produit par Jacques Canetti. Cabarets : La méthode, Le port du salut, le Don Camillo, L'échelle de Jacob. Lucien Morisse , directeur d'Europe N°1, grand amateur de Boby Lapointe l'engage dans le cadre des "musicoramas" en première partie des Rolling Stone en 1965. Il part pour une nouvelle tournée avec Georges Brassens ; Il se produit à l'Alhambra dans le spectacle de Jean-Christophe Averty, en première partie de Jean Ferrat. Il participe à l'émission "Music Hall de France". Puis c'est à nouveau la Belgique, au Théâtre 140 de Bruxelles, produit par Gilbert Sommier. Il est gravement blessé dans un accident de voiture sur la route de Louviers. Il en gardera des séquelles toute sa vie. Il collabore à la "Revue Pacra" avec Alex Métayer, et compose la musique de "Spaghetti et la peintoure à l'houille" avec l'orchestre de Jean-Michel Defaye, pour la collection de disque des "héros du journal de Tintin". Le 9 novembre Philips lui rend son contrat. 1966, pour Boby c'est le démarrage de sa deuxième carrière. L'année débute avec une tournée "Festival du disque", en compagnie de Georges Brassens. En mars il est mis en cage pour les besoins de l'émission de télévision, "Rhésus B", où Jean-Roger Caussimon le présente comme étant "le non-sens à caractère chantant". Le 15 mars, il signe un contrat avec les disques AZ dirigé par Lucien Morisse, le 15 mai sortie chez DiscAZ du EP, "Le papa du papa de mon papa", "Aubade à Lydie en do", "Lumière tango", "From two-to-two-to-two-two", dirigé par Oswald d'Andréa. Le 29 août Boby épouse Bichon et fête la sortie du 2 ème EP chez AZ, avec "Le saucisson de cheval 1 et 2", "L'ami Zantrop", "La banane anana". Premier grand succès avec "Le saucisson de cheval", 13 ème au hit-parade. Il déclare en boutade : « Mon saucisson fait un tube. Moi qui ai toujours rêvé de posséder une charcuterie ! Mais ça a été long. Je vais nourrir Bichon au Saucisson ! » "Il devint un auteur célèbre Il était de tous les galas Et les autres jours ce gars-là Cherchait du bout de ses lèvres Des petits bouts de chansonnettes Ça lui donnait mal à la jambe Car il frappait du pied Pour battre la mesure Et ses nouveaux souliers Avaient une pointure Un peu trop étriquée …" (La fleur bleu contondante) Michel Colombier est l'initiateur des titres les plus "pop" de Boby. Notamment des deux "Saucisson de cheval", dont il a composé la musique, la très jerkienne "La question ne pose pas", et "L'idole et l'enfant" avec un son de basse très "mersey sound". Entre 1966 et 1967, ils vont enregistrer deux super 45 tours 4 titres. Michel Colombier : « La chose qui m'avait le plus surpris c'est que Boby ne ressentait pas le rythme naturellement, il avait le sien, donc nous avons dû ruser pour lui indiquer le feu rouge et le feu vert. Sur scène, apparemment, il n'y avait pas de problème, il levait et baissait les épaules et je pensais que cela faisait partie de sa mise en scène. Lorsqu'on a enregistré "Le saucisson de cheval", je me suis rendu compte que sa façon à lui de prendre le rythme, passait par ses épaules, et une fois qu'il avait pris ce mouvement, il était ancré dans la mesure. Il m'a bluffé (rire). » Discussion entre un ingénieur du son de l'époque et Boby Le technicien : Monsieur Lapointe, je crois que vous n'êtes pas en mesure… Boby : En mesure de quoi ? Le technicien : … Boby : Dites tout de suite que je dépasse la mesure ! « J'ai le souvenir d'un type assez intimidé. Il était difficile pour un homme de musique comme moi d'avoir un langage commun avec Boby, c'était plutôt un homme de mots, plus qu'un véritable musicien. C'était très agréable de travailler avec lui. » « J'ai ingurgité cette chanson, ce texte invraisemblable et je l'ai régurgité avec l'espace sonore de l'époque en utilisant la pulsation rythmique du moment. » Boby entame l'année 1967 par des Galas à L'Ancienne Belgique, à Bruxelles. En juin, sortie du 3 ème et dernier EP AZ ,"L'été ou est-il?", "La question ne se pose pas", Andréa c'est toi" et "L'idole et l'enfant". Le chant de Jeannine de Waleyne, choriste venu du lyrique, "duettise" avec celle de Boby sur deux chansons : "L'été ou est-il ?" avec une tonalité de soprano, et "Andréa c'est toi" avec une tonalité de ténor. La mutation de la tessiture de Jeannine de Waleyne fut obtenue en ralentissant la bande play-back. Cet astucieux bidouillage, cher à Roger Roche ingénieur du son pendant ces séances, permet de faire passer une voix aiguë pour une voix plus grave. « Aucun auteur de chansons n'a usé avant lui, ni après lui, du moins à ce jour de ce procédé exclusif, que rien ne nous interdit de dénommer le "sous-titrage verbal", dixit Jacques Perçiot. » Il suffit d'écouter attentivement ses deux raretés pour s'en rendre compte. Boby réutilisera cette recette, avec "le tube de toilette". Boby écrit les paroles de "Dibah Dibah", sur une musique de François Rabbath, pour le film "Ballade pour un chien" de Gérard Vergez. Les cabarets, télévisions, galas et émissions de radio se succèdent. Le 28 mars 1968, il met un point final à son "Système Bibi-Binaire", écriture alpha numérique en base 16, reconnu et salué par les plus grands mathématiciens et les publications spécialisées. Dans la revue "Science et Avenir", le journaliste Charles-Noël Martin, conclue son article ainsi : "Adopter le bibi reviendrait-il à faire de nos cerveaux de mini-ordinateurs et nous parlerions machine comme les machines parleraient bibi-humain ? Ce dialogue est-il utile sinon souhaitable ? Pour Robert Lapointe, la réponse est oui et il a tiré de son système bien davantage encore avec de nombreuses possibilités esthétiques, artistiques, musicales, poétiques, établissant un pont entre les symétries arithmétiques, phonétiques, et graphiques, dont l'art pourrait manifestement tirer beaucoup d'inspiration. Mais ne serait-ce pas là finalement une simple logomachie ? Les enfants de l'an 2000 apprendront-il le bibi ? À regarder KAKIDOBOHADE et 10208286, nous voyons immédiatement que le second parle à l'esprit et permet des opérations arithmétiques rapides que les lettres masquent. Nous serions donc tenté de répondre non, compte tenu des habitudes mentales si lourdes à modifier, mais il suffit d'imaginer qu'il y a dix ans, on aurait répondu non à la question "les enfants de 1970 apprendront-ils les mathématiques par la théorie des ensembles ?" Alors ? À l'ère des ordinateurs, il se peut que nous vivions aujourd'hui les débuts d'un Lapointisme qui se cherche encore." Tout l'esprit du bibi est résumé ici. Boby participe à de nombreuses émissions de télévision, notamment le très innovant "Nouveau Dimanche", réalisé par Raoul Sangla et présenté par Gérard Klein. Il fait sa rentrée en avril à Bobino en vedette américaine de Catherine Sauvage. Les événements du mois de mai interrompent les représentations. Boby retourne au Port du Salut, où Maurice Fanon, lui présente Joe Dassin. Une belle amitié naît entre Joe et Boby. Au mois d'octobre, le studio 112 de la maison de la radio le reçoit dans "l'émission des fous" où il débarque en charentaise et en treillis. À l'age de 46 ans, il songe sérieusement à mettre de l'ordre dans sa carrière et le 2 décembre rédige " Chansonbricole ", tentative d'explication loufoque de son d'approche d'écrivain. Pour conclure cet opuscule, il découpe les périodes de sa vie en utilisant les néologismes suivant : "1-Époque Prédisqienne, 2-Époque Fontanalienne, 3-Époque Brassenssienne, 4-Époque Azédienne, 5- Époque Autrechosienne, 6-Époque Mathématicienne." Malheureusement les sous-chapitres ne seront jamais rédigés. En 1969 Boby amorce une carrière de comédien, dans "Les choses de la vie" de Claude Sautet et dans "L'ardoise" de Claude Bernard Aubert. Le 12 octobre, il signe un nouveau contrat avec les disques Philips. Le même mois il entre en studio pour enregistrer 13 nouveaux titres produits par Jean-Jacques Thébaut et Joe Dassin. Les séances se déroulent les 22, 23 et 24 octobre 1969 de 9 heures à 12 heures pour les bases orchestre, et les 27, 28 et 29 octobre 1969 de 21 heures minuit pour les re-recording au studio des Dames. Roland Guillotel est l'ingénieur du son de ces séances. « Boby était un mec formidablement drôle. J'ai un excellent souvenir de ce disque. Nous étions au Studio des Dames qui appartenait à Philips. Pour les techniciens et les musiciens présents, la plus grosse difficulté était de ne pas rire. À l'écoute en cabine technique Boby disait : “Si vous êtes content moi aussi.” On enregistrait en direct, avec l'orchestre. Il n'était pas pinailleur, ça se passait tout à fait normalement. On faisait des séances de trois heures comme souvent à l'époque. Le petit défaut de Boby, c'est qu'il allait plus vite que la musique ! Il chantait sa chanson le plus vite possible Je me souviens qu'on rigolait bien, avec ce garçon charmant et très joyeux. Nous étions allés dîner chez lui du côté du Quartier latin pour fêter la fin des séances. Il aimait beaucoup les femmes. » Sur les treize titres enregistrés pendant ces séances douze seulement seront retenus pour le pressage définitif du disque. Le titre "In the désert" restera ensablé jusqu'en 1976, date de la première édition de l'intégrale de Boby en quatre vinyle. Dassin réalise ce disque avec beaucoup de discrétion, et quasi bénévolement. Ainsi au verso de la pochette, son nom n'occupe pas plus de place que les autres, alors qu'il est déjà une grande vedette. En 1969, Joe Dassin, aligne tube sur tube : "Les Champs-Elysées", "Le chemin de papa", "C'est la vie Lily" et "Billy le Bordelais. Après la mort de Boby, Joe Dassin insistera, auprès des patrons de Philips, pour faire rééditer cet artiste et ainsi lui offrir un futur. En août Boby enregistre un duo qui fera date : "Depuis le temps que j'l'attends mon prince charmant" avec Anne Sylvestre qui signe les paroles et la musique. Le disque marche très fort et Fontana surfant sur cette vague édite une compilation 12 titres de ses premières chansons. Cet artiste qui affectionne beaucoup la marinière a toujours été passionné par la mer. Il acquiert, pour emmener ses enfants et ses amis en balade, un modeste bateau de pêcheur, un pointu pour être exact, baptisé "Le M'escampi". Il lui arrive parfois caboter, muni simplement d'une carte routière du sud de la France. Les nombreux bancs de sable n'y étant pas répertorié, son embarcation s'échoua plusieurs fois. Lors d'une escale à Monaco, il se fracture le calcanéum. Il scénarise une émission de télévision musicale inédite, "Comprend qui peut". Salvador Dali croisé lors d'une émission de radio sur RMC devait y prendre part. L'année 1970, démarre avec une tournée en vedette "américaine" de Joe Dassin, du 9 février au 25 mars. Il divorce de Bichon. "Hara-Kiri", publie un roman-photo où Boby n'incarne rien de moins que Dieu lui-même. Le cinéma fait à nouveau appel à lui avec deux films "Max et les ferrailleurs" de Claude Sautet, et "Mais qu'est-ce qui fait courir les crocodiles" de Jacques Poitrenaud. En juillet sortie du 33 tours "Comprend qui peut (ou comprend qui veut)". 12 titres et presque autant de chef-d'œuvres, "Monsieur l'agent", "Méli-mélodie", Le tube de toilette", "Madame Mado m'a dit", "Moi, le philosophe et l'esthète", "La maman des poissons", "Revanche" et "Sentimental bourreau" dont l'écriture remonte à la fin des années 40, "Mon père et ses verres", "Je suis né au Chili", et le titre éponyme de l'album. Ce disque est illustré de dessins de Wolinski. La même année Boby participe à 24 émissions de télévision, le 22 septembre, il chante à la Fête de l'Huma. Il écrit et enregistre une publicité pour le fromage blanc "Jockey" : "Jockey C'est pas mauvais ! "Ah ! mes amis, dit la baronne, Restez dîner je vous l'ordonne Avec notre ami le jockey" Et elle ajoute en souriant : Jockey C'est pas mauvais ! "Ah ! Cornebleu, dit l'amiral, Si j'pars en mer mon amie râle En ce cas resterai-je au quai" Et moi j'ajoute en souriant : Jockey C'est pas mauvais ! "Moi, dit l'joueur de hockey sur glace, Je vais rester mais c'est dég'lasse, Comme entraîneur resterai-je au OK ?" Et moi j'ajoute en souriant : Jockey C'est pas mauvais ! (bis) Comme nous nous levions de table M'sieur La Fontaine qu'est affable S'exclama "Darling, suis-je okay ?" J'ai dit "Jockey C'est pas mauvais" Après avoir un bon moment Cherché moi-même un compliment Entre la poire et le Jockey J'ai dit "Jockey C'est pas mauvais" "Mon cher, rétorqua la baronne, Vos plaisanteries sont très bonnes Mais ici elles pourraient choquer ! J'ai dit "Jockey ? C'est pas mauvais" En 1971, la cadence s'accélère : en Janvier, il se produit à l'Olympia en "vedette américaine" de Michel Delpech. Puis il enchaîne, une tournée avec Georges Moustaki, du 1 er au 13 mars et une autre avec en co-vedette Maurice Fanon au mois d'avril, sans compter quatre tournages de film : "Les assassins de l'ordre" de Marcel Crané, "La veuve Couderc" de Pierre Granier Defferre", "Rendez-vous à Bray" d'André Delvaux" et "Chapagua" de Renato Savino, une curiosité du genre western-spaghetti, où il a le rôle-titre. Il trouve encore le temps de chanter à la télévision et à la radio. De décembre 1971 à début janvier 1972, Boby, affaibli par le cancer qui le ronge, trouve la force de chanter tous les soirs à Bobino, en première partie de Pierre Perret. ![]() L'écologie et le futur de notre planète le passionnent, il s'attèle à la rédaction d'un texte de réflexion générale en forme de parabole. Il continuera de travailler à de nouvelles chansons jusqu'au bout. Le 29 juin 1972, Boby Lapointe succombe à un cancer. Il est enterré au cimetière de Pézenas le 2 juillet. Et l'on a fait graver dessus sa tombe : « Il voulait jouer de l'hélicon. » « Ce satané Boby Lapointe depuis qu'il a tourné le coin, à Pézenas comme à Paris, ses copains et admirateurs, ont du mal à s'y habituer. En ce qui me concerne, les soirs où son amitié et sa bonhommie me manque un peu, je fais comme rien n'était, j'écoute ses chansons pour qu'il continue à vivre le bougre et il continue. Mon vieux Boby, putain de moine et de Piscénois, fais croire à qui tu veux que tu es mort, avec nous les copains, ça ne prend pas. » Georges Brassens 1976. |
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